La dernière fois, après avoir escaladé le mont Ryumon, j’avais l’impression d’être perdue et de ne plus avoir d’objectif.
Que pourrais-je faire ensuite ?
Serait-il temps pour moi de me lancer une aventure différente ?
J’en ai discuté avec mon ami américain qui écrit pour Yoshinote, et il m’a dit connaître de bons parcours de randonnée.
Il se surnomme lui-même « Yamaotoko » (garçon de montagne).
Il a déjà parcouru plus de la moitié des monts de Yoshino, dont bien des routes peu connues des autres. Voilà un allié puissant pour moi !
…même si je n’en reste pas moins une débutante.
Je suis encore un peu verte pour les routes les plus difficiles. (j’ai au moins le mérite d’avoir assez d’humilité pour ne pas surestimer mes capacités)
Après avoir entendu cette condition, mon collègue américain (que j’appellerai N-kun par la suite) me propose une route.
Celle qui va d’Okusenbon au mont Yoshino aux chutes de Seireino au village de Kawakami.
C’est une route principalement en descente et qui n’est pas complètement recouverte par le paysage, permettant ainsi de profiter de la montagne sous ses divers aspects. L’impatience monte.
Battons le fer pendant qu’il est encore chaud ! Nous avons immédiatement convenu d’un jour pour aller explorer ce sentier.
C’est ainsi que nous nous lançons en un beau jour d’automne, avec ses belles couleurs et son climat agréable.
Nous commençons par prier pour notre sécurité au temple Kinpu-jinja à l’entrée d’Okusenbon, au mont Yoshino.
Le parcours commence par une montée assez raide, mais pas très longue.
En sortant de la forêt dense sur les ruines de Houtou, l’espace s’ouvre soudainement.
Autrefois, des cerisiers étaient plantés dans la zone Okusenbon, mais ils ont été coupés et vendus comme bois de chauffage, et remplacés par des cèdres et cyprès.
Lors des 15 dernières années, des plantations volontaires d’arbres ont lieu pour redonner aux cerisiers leur place ici. Ils sont encore petits et modestes, mais je suis excitée à l’idée de les voir fleurir richement un jour.
Maintenant, place au plat de résistance et direction Aonegamine.
En cours de route, on peut voir la ville du haut de la montagne, et vous vous rendez compte que des gens vivent réellement dans un lieu si élevé.
En prenant un escalier raide sur la gauche du sentier, vous pouvez vous rendre au sommet d’Aonegamine.
En fait, comme le sommet se trouve hors de la route, c’est à vous de voir si vous voulez faire ce détour d’environ 10 minutes pour pouvoir dire que vous avez atteint le sommet.
Celle que j’étais avant aurait volontiers évité cet effort de montée supplémentaire ! Mais ça c’était avant.
Je suis une personne différente désormais ! S’il y a une route, je veux la parcourir !
Alors bien sûr, je suis montée au sommet.
La vue n’est pas spécialement spectaculaire, il n’y a pas de temple qui attend les grimpeurs, ni d’indication que vous avez atteint le sommet, mais la satisfaction d’avoir terminé la montée est grande et valait bien ces 10 minutes d’efforts supplémentaires.
On revient temporairement sur la voie circulable et on prend la direction du village de Kawakami.
Sur cette route descendante de montagne, les forêts de cèdre et de cyprès se succèdent. En cours de chemin, un gros arbre bloque le chemin. Je me demande s’il vaut mieux l’escalader ou le contourner.
N-kun me dit que de drôles d’animaux en peluche sont parsemés sur cette route.
Et en effet, ils apparaissent ici et là. Sont-ils là pour nous guider ou en l’honneur de quelqu’un, nous l’ignorons, mais comme Hansel et Gretel, nous ne pouvons pas nous perdre en suivant la trace qu’ils laissent.
En sortant de la forêt, on arrive sur une vallée où les arbres sont plus petits et épars. Le changement soudain d’atmosphère est amusant.
Lors de mes précédentes randonnées, j’ai passé le plus clair de mon temps dans des forêts, mais cette fois j’ai pu admirer des paysages changeants.
En descendant, c’est fascinant de voir les petits ruisseaux se rejoindre progressivement et créer un courant de plus en plus fort.
On traverse aussi quelques petits ponts en bois. Vieux et couverts de mousse, ils peuvent mettre nos nerfs à vif. De l’autre côté des ruisseaux, la montagne est couverte de mousse, lui donnant un aspect indescriptiblement beau, qui évoque le film « Avatar ». C’est une vue très marquante qui vous fera oublier le stress du quotidien.
Lorsque vous quittez la montagne, vous suivez brièvement une route d’asphalte.
Les chemins de montagne ont souvent une surface rocheuse et bosselée, et cette route vient donc à point nommé pour permettre aux pieds, tibias et genoux de récupérer un peu.
La dernière route est celle menant aux chutes de Seireino.
Vous pouvez admirer la chute d’en haut depuis le sentier de montagne, puis d’en bas après la descente.
Cette belle chute d’eau à fort débit d’une hauteur d’environ 50 m offre une vue majestueuse pour conclure ce superbe voyage.
Comme cette fois-ci la route était principalement en descente, on pourrait se dire que c’était facile. Mais ce n’est absolument pas le cas.
Mes jambes semblent avoir souffert plus que je m’y attendais, et le lendemain j’ai eu des courbatures à des endroits qui ne me font pas mal habituellement.
N-kun me dira ensuite qu’« en plus de cette route, il existe d’autres sentiers en crête (la partie la plus haute de la montagne). C’est un peu plus difficile, mais c’est encore un plaisir différent. » Et si je tentais le coup la prochaine fois ?
J’ai encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir prétendre être une authentique fille de la montagne.