Après ma première expérience en montagne, j’ai porté mon choix sur le plus haut sommet du village de Yoshino, le mont Ryumon, qui culmine à 904 m d’altitude.
Mais estimant que c’était peut-être aller un peu vite en besogne, je retourne d’abord faire le parcours « Thérapie forestière – Yoshino Miyataki Manyo » en sens inverse.
La dernière fois, j’ai suivi un trajet dont plus de la moitié comptait de la descente. Une pente raide qui plus est.
Logiquement, en sens inverse, cela devient une raide montée.
Cette fois, mon point de départ est le monument Manyo de Kisadani.
Pour mes rapports, j’avance en prenant des photos des paysages et des petites plantes de la forêt.
Distraite par les fleurs et plantes à mes pieds, je m’accroupis sans cesse pour prendre des photos. Les muscles de mes jambes se retrouvent épuisés alors que je n’ai fait que le tiers du parcours.
Malgré le sentiment d’échec, j’ai fini tant bien que mal par compléter le parcours.
Par la suite, en travaillant à l’entretien de la montagne, en reconnaissant les parcours et en y accompagnant les visiteurs, j’ai fini par gagner en souffle et à moins souffrir au niveau des jambes.
On dirait que je me suis habituée à marcher en montagne.
Puis vint enfin le jour de ma montée sur le mont Ryumon ! Je suis surexcitée !
Je n’aurais jamais imaginé être aussi enthousiaste à cette idée il y a quelques mois encore.
Moi qui détestais la sueur et sortir les jours d’été, me voilà serviette autour du cou et sac sur le dos, prête à partir à l’aventure. C’est fou ce que les êtres humains peuvent changer.
Pour mon escalade du mont Ryumon, le point de départ est un autre lieu de la thérapie forestière, le sanctuaire de Yoshinoyamaguchi.
Le début de la route est plat, et l’air devient beaucoup plus frais dès que vous entrez dans la forêt.
Après avoir prié dans un petit sanctuaire dédié au Dieu de la montagne, je prends d’abord la direction des chutes de Ryumon.
Suite à cela, une route en pente douce me permet d’apprécier le son d’un ruisseau et j’avance joyeusement en prenant des photos.
Les rayons de soleil se faufilent entre les arbres, créant un paysage parfois fantastique, dégageant une force qui va au-delà de l’entendement de l’homme.
Il est difficile de rendre hommage à la beauté de cette nature véritable, qui n’a fait l’objet d’aucune intervention de l’homme, et les photos ne rendent pas justice à ce que mes yeux ont vu.
Mais c’est bien là l’intérêt de se rendre sur place, me dis-je, réalisant combien la fille confinée que j’étais avait grandi.
Marchant d’abord avec légèreté, la pente devient de plus en plus raide, et je dois me motiver en imaginant à chaque pas le sommet qui m’attend.
Je progresse en essayant de ne pas provoquer les guêpes et en devant parfois repousser des toiles d’araignée.
Je veille aussi à m’hydrater et à prendre des pauses régulièrement.
Dur de se lever à nouveau après une pause, mais il est important d’accorder un peu de repos aux jambes, et j’ai choisi de ne pas chercher à avancer trop vite.
À plusieurs reprises, je crois avec joie approcher du sommet, pour mieux réaliser mon erreur. Mais l’heure vient enfin !
Le sommet est en vue ! J’ouvre les bras en grand, fière comme une jeune enfant.
Impossible de voir très loin avec les arbres qui recouvrent cet endroit, mais je ressens quand même l’amour et le soin que les locaux accordent aux lieux.
Bien sûr, le parcours ne s’arrête pas là. Il faut maintenant redescendre.
Pour mon retour, je suis scrupuleusement la direction de Mizu.
Des pylônes s’étendent soudainement dès le début de la descente.
Je trouve à ces tours en acier un charme irrésistible.
Après avoir été fascinée par la beauté de la nature, ma culpabilité d’admirer des ouvrages artificiels a disparu. Cette rude marche en montagne rend d’autant plus grisante la sensation de retrouver un espace ouvert.
Comme lors de ma descente lors du parcours Miyataki Manyo, mes tibias me font souffrir.
Les routes trempées par la pluie peuvent être glissantes, et les cris des cerfs surprenants. Dur trajet pour l’ancienne fille cloisonnée que je suis, mais je réussis à rentrer sans pépins.
Mon escalade du mont Ryumon m’a apporté un sentiment d’accomplissement que je n’avais jamais connu.
C’est peut-être parce que j’ai vraiment l’impression d’avoir escaladé un sommet, plutôt qu’avoir fait un simple parcours en montagne.
Mais maintenant que j’ai atteint le plus haut sommet de Yoshino, que me reste-t-il à faire ?
Dois-je déjà mettre un terme à mes défis en montagne ?
Ne manquez pas la suite, « Les débuts en montagne d’une fille ultra confinée – Partie 3 : Aonegamine »