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<Yoshino comme vous l’avez jamais vu, par une personne de l’extérieur>2e édition : Le monde des yamabushi

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Avec l’assistance de Fumie Katayama, yamabushi

Un yamabushi (prêtre guerrier), c’est quoi exactement ?

Je l’ai longtemps ignoré.
Parmi les nombreuses religions existe le « Shugendo ».
Quand vous allez au mont Yoshino, vous verrez forcément le temple Kinpusen-ji, qui est considéré comme le temple central du Shugendo.
Après six mois passés à Nara, j’ai appris à faire la connaissance des prêtres des temples et sanctuaires. C’est le genre d’opportunités que je n’avais jamais eues avant mon déménagement. Ce fut aussi ma première chance de rencontrer des yamabushi.
Ces prêtres guerriers sont des adeptes du Shugendo.
Leur vue est familière pour les locaux, mais pour moi qui viens de l’est du pays, leur apparence est inhabituelle.
Ils portent une espèce de petit chapeau sur la tête, enroulent leur taille d’une fourrure de bête, et soufflent dans une conque.
Ils suivent des entraînements difficiles dans les montagnes. Et pourtant, ils mèneraient une existence « normale » au quotidien.
Pour lever cette ambiguïté, j’ai interrogé Fumie Katayama, une yamabushi qui est aussi tenancière d’une maison d’hôtes.

▲ Le style des yamabushi, illustration de Fumie Katayama

Tokin

représente la couronne de Dainichi Nyorai, qui serait l’univers lui-même. Elle sert à protéger contre les chutes de pierres et de branches.

Hishiki

une fourrure de bête imitant les animaux des divinités. Comme les disciples du Shugendo vénèrent l’incarnation de Dieu, ce vêtement fait office de charme. Elle sert aussi à s’asseoir sur les roches pointues, et présente d’excellentes propriétés imperméables.

Conque

Utilisée comme corne. Elle joue un rôle de talisman servant à prévenir le dieu de la montagne de la venue du yamabushi et à chasser le mal.

▲Katayama souffle dans une conque. C’est le temple Kinpusen-ji que l’on voit au fond à gauche.

Fumie Katayama est une scientifique à l’origine. Ancienne championne de taekwondo au Japon, experte en yokais, dirigeante de maison d’hôtes… cette yamabushi a connu une vie très riche.
Il y a 3 ans, elle s’est convertie et a frappé aux portes du Shugendo.
Par conversion, on parle d’un vœu de rituel pour devenir yamabushi, qui marque le début de la formation.
C’est un peu leur façon de sceller le « mariage » avec cette religion, en se jurant fidélité et amour éternel. Mais ce n’était pas une fin, mais bien un début.
La formation de yamabushi commence là.
Tous les enseignements du Shugendo sont transmis par tradition orale entre l’enseignant et l’élève.
On dit que quand on commence quelque chose, le plus important est d’avoir un bon professeur, et cela est particulièrement vrai pour le Shugendo.
La relation enseignant-élève est un lien encore plus profond qu’entre mari et femme et qu’entre parent et enfant. Même si vous vous jurez l’amour avec le mariage, vous pouvez toujours divorcer, mais la relation enseignant-élève se poursuivra essentiellement toute la vie.
Et on dit que ce lien reste après la mort. Cela veut donc dire qu’en cas de réincarnation, ce lien existe peut-être déjà depuis une vie précédente.
Dans ce genre de relation enseignant-élève, tout ce que l’enseignant dit est absolu. Si l’enseignant dit OUI, c’est OUI ! Même si c’est non. Même si ceux qui aspirent à la paix jurent qu’il n’y a pas d’abus, cela reste quelque chose de difficile à accepter.
Mais c’est aussi grâce à cette confiance accordée à l’avance que l’enseignant et l’élève peuvent créer un lien aussi fort et apprendre et veiller l’un sur l’autre. Tout est une question d’affection et de respect. Katayama explique : « Le plus difficile au début du Shugendo, c’est de trouver le bon maître. »
Une fois cette rencontre effectuée, l’élève s’engage et sa formation à vie commence. Et prie chaque jour pour le bonheur d’autrui. Entendant cela, je ne peux que ressentir de l’admiration pour les yamabushi.

 

Quel genre de religion est le Shugendo ?

Le Shugendo, est basé sur le culte de la nature et de la montagne, et entremêle la foi du Japon ancien, le bouddhisme, le shintoïsme et le taoïsme. Il s’est développé indépendamment au Japon avec le temps et est ouvert aux personnes de tous les courants de pensée ! C’est donc une religion qui incarne bien l’esprit japonais.
« Plus que ce que nous accomplissons, c’est la volonté de vouloir faire quelque chose ensemble que nous respectons. C’est pour cela que nous acceptons n’importe qui » m’explique-t-elle.
Là où le christianisme vénère Jésus et le bouddhisme Bouddha, le Shugendo se caractérise par sa vénération de Kongo Zao Gongen.
On l’appelle aussi simplement Gongen-sama ou Zao-san, et il a un visage bleu un peu effrayant.
Il tient un vajra qui représente l’indestructibilité dans sa main droite et prend une pose fière et dynamique avec la main gauche sur la taille et le pied droit levé. Cette pose caractéristique représente l’état dans lequel il est apparu.

Le bouddhisme était déjà répandu il y a 1300 ans, et le monde était pourtant dévasté.
Un jour, une jeune personne s’est dit que les choses ne s’amélioreraient pas ainsi. Cette personne est En no Ozuno, le fondateur du Shugendo. Il priait chaque jour pour que le monde se réconcilie.
Shakanyorai, Senjukannon et Maitreya lui sont alors apparus dans cet ordre. Mais En no Ozuno estimait leur apparence trop douce pour changer le monde, et pensait qu’il fallait quelqu’un de plus ferme. Priant à nouveau, c’est cette fois Gongen-sama qui apparaît face à lui.
La légende dit qu’il s’agissait en fait des trois divinités précédentes, revenues sous une nouvelle
apparence. Après tout, la montagne, les rivières et les humains aussi peuvent parfois changer d’apparence. Et c’est pour cela que les yamabushi sont ouverts à toutes choses.

 

À quoi ressemble la vie d’un yamabushi ?

Comme beaucoup de yamabushi, Katayama, qui dirige une maison d’hôtes, partage son existence entre
religion et vie civile ordinaire.
En effet, En no Ozuno lui-même était un disciple laïc, pratiquant chez lui.
Les yamabushi suivent leur formation, mais mènent autrement une existence semblable à celle des gens ordinaires !
Cette formation se compose de parcours difficiles en montagne et de passages sous des chutes d’eau, mais aussi du suivi du bodhisattva tout au long de sa vie.
Il s’agit là de prier et d’agir pour le bonheur des autres au quotidien.
Dans un monde avec une telle variété de personnes et de pensées conflictuelles, c’est un très grand défi.
Ce qui est bon pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre…
Mais c’est exactement la recherche continue de réponses à ce genre d’objections qui constitue la formation.
On commence par prendre conscience des choses. Sans cela, impossible de se remettre en question. Vient ensuite l’observation. Il est important d’observer non seulement autour de soi, mais aussi au plus profond de son être.
Consciemment ou non, chacun de nous souhaite le bonheur des autres.
Que vous soyez yamabushi ou non, la ligne du bodhisattva devrait être suivie de tous. Si chacun agissait en souhaitant le bonheur des autres, notre monde serait bien plus doux.

 

Les cerisiers de Yoshino et le Shugendo

Yoshino est célèbre pour ses cerisiers en fleur, et il y a une forte relation entre ces cerisiers et le Shugendo.
Quand Gongen-sama est apparu devant En no Ozuno, ce dernier a gravé son apparence sur un cerisier et vénéré ce dernier. C’est ainsi que le cerisier est devenu un arbre sacré, un témoignage de foi.
Et c’est pour cela que des cerisiers ont été plantés sur toute la surface des montagnes, afin que Gongen-sama puisse les observer depuis le temple Kinpusen-ji.
Si vous considérez que chacun de ces arbres a été planté comme signe de prière, ce paysage prend une nouvelle dimension.

Les mains jointes pour prier.

La prière du Shugendo a lieu tous les matins à 6h30 au temple Kinpusen-ji.
Chaque matin, pour le bien-être des autres. Ressentant un grand respect pour les yamabushi, je me mets naturellement à prier pour leur propre bonheur.
Je comprends maintenant. Ces prières amicales visent à propager cette gentillesse à chacun.

▲La prière terminée, le ciel est maintenant complètement clair.

Au passage, les piliers du temple Kinpusen-ji utilisent une variété de bois naturels de Yoshino comme matériaux. Traditionnellement, les temples utilisent du cyprès, mais ici nous avons un mélange de chêne, de cerisier, de poirier et d’autres. On dit que cette construction différente a été conçue pour permettre aux femmes de venir prier, alors qu’elles n’ont normalement pas le droit d’accéder à la montagne.
Sans réfléchir, j’ai joint mes mains pour prier, mais il s’avère qu’il y a un protocole bien précis à suivre,
comme Katayama me l’enseignera.

On joint les mains puis on les lève, avant de les laisser redescendre naturellement vers l’avant de la poitrine.
La main doit être légèrement inclinée vers le corps.
On évite de joindre le milieu des mains de trop près, en imaginant quelqu’un d’important entre.
Le Shugendo a Gongen-sama. Le bouddhisme a Bouddha. Vos ancêtres ou le soleil si vous n’avez pas de croyance particulière.
Même Bob Marley et Che Guevara ou une personne qui vous est chère si vous le voulez.
Ce qui compte, c’est d’imaginer quelqu’un de précieux au milieu de vos mains, et de les laisser légèrement décollées.

 

Si vous voulez connaître Yoshino en profondeur…

« J’essaie de communiquer le Shugendo avec des termes qui peuvent être compris de tous, plutôt qu’avec des mots associés au bouddhisme. Le genre de mots que je pouvais comprendre avant de découvrir cette religion. » Katayama partage ses expériences concrètes avec des exemples précis, dans un langage à la fois intéressant et très facile à comprendre pour moi qui ne savais rien du Shugendo. J’ai ainsi appris que tout dans la tenue des yamabushi avait un sens et que ce n’était pas une question de style. Cela n’a fait que renforcer mon intérêt envers les yamabushi et Yoshino.
Dans la maison d’hôtes dirigée par Katayama, « KAM INN », les livres sont très nombreux, à commencer par ceux sur les yamabushi. Si vous voulez découvrir Yoshino en profondeur, je vous conseille fortement de passer une nuit à KAM INN ! Bien sûr, n’hésitez pas à en profiter pour découvrir la prière matinale au temple Kinpusen-ji.

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1)De nombreux livres au contenu riche.
2)Des souvenirs d’autres genres sont aussi en vente.
3)Par ici si vous voulez discuter avec Katayama !

 

Maison d’hôtes KAM INN

Adresse : 2352 Yoshino-yama, Yoshino-cho, Yoshino-gun, Nara
TÉL : 0746-39-9169
http://taikoban-yoshino.com/kaminn.html

 

Profil

片山さん

Fumie Katayama

Elle s’est spécialisée dans la chimie des matières organiques et la gestion de la technologie lors de ses étudies supérieures. En 2012, elle a commencé à vivre à Nara en tant qu’employée de bureau. Fascinée par la culture locale, elle réalise que des auberges transmettant ce charme sont nécessaires à la préfecture. En 2017, elle émigre à Yoshino et devient propriétaire de la maison d’hôtes KAM INN. Convertie en 2018, elle partage sa vie entre gestion de maison d’hôtes et formation au Shugendo.

Département éditorial de Yoshinoto

Département éditorial de Yoshinoto

Présentation du charme caché de Yoshino et comment en profiter.

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